Dessin symbolique ou décoratif, le tatouage est une pratique qui date de plusieurs milliers d'années à travers différentes régions du monde. S'il est réalisé par injection d'encre sous la peau pour des raisons religieuses, symboliques ou esthétiques, il est aussi à l'origine un mode de marquage employé pour l'identification des prisonniers, des esclaves ainsi que des animaux domestiques.
Faisant partie des coutumes de nombreux peuples, il disparaît des traditions tribales avant sa réapparition sur la peau des marins au XVIIIe siècle. Rite initiatique, marque protectrice ou signe d'identité chez les Japonais, les Celtes, les Polynésiens ou les Égyptiens, le tatouage reste seulement très répandu auprès des populations marginalisées pendant tout le XXe siècle.
Mais aujourd'hui, il touche de plus en plus de personnes. Ainsi, un individu sur dix serait tatoué en France par exemple. Découvrez dans cet article, l'histoire de cette pratique universelle et ancestrale.
La pratique du tatouage en Eurasie remonte au néolithique. Ötzi, dont le corps momifié a été découvert en 1991 dans les Alpes italo-autrichiennes, ferait partie des premiers tatoués de cette époque. Décédé vers 3500 av. J-C, celui-ci avait sur le corps environ 50 tatouages symbolisés par des croix et des lignes. Localisés pour la plupart sur ses articulations, ils auraient un but thérapeutique et non décoratif.
En dehors de la momie d'Ötzi baptisé l'homme des glaces, d'autres preuves de l'existence des tatouages au cours de cette période ont été découvertes en Égypte. On peut citer notamment les deux momies datant de 3000 av. J.-C conservées au British Museum avec des tatouages représentant un taureau sauvage et des manchettes. La momie d'une prêtresse de la déesse Hathor datée de 2200 avant J.-C était elle aussi tatouée. Sur son corps figuraient des lignes ainsi que des ornements.
Le tatouage se perpétue au fil des siècles et devient un signe de marquage des esclaves chez les Grecs de l'Antiquité. Ceux-ci sont tatoués de façon systématique d'une chouette et plus rarement d'un vaisseau de guerre au sein de la cité d'Athènes antique. Ils étaient ainsi reconnaissables de manière permanente et tout en lieu. Ayant hérité de cette pratique, les Romains tatouaient quant à eux leurs esclaves en utilisant la première lettre du nom de famille de leur maître entre les yeux. Le tatouage est aussi utilisé sur les mercenaires par les généraux romains afin de les identifier.
Son usage s'étend plus tard aux condamnés en substitution de la brûlure au fer rouge. Le sort de voleurs et parias de la Rome antique connaîtra une nette amélioration au IVe siècle grâce à un décret pris par Constantin 1er. Celui-ci prévoyant que ces derniers ne pouvaient être tatoués que sur les mains et les jambes et non au visage. Comme on peut le constater, le tatouage est perçu durant l'Antiquité comme une marque de marginalisation. Et pour cause, il n'était pas choisi par les personnes sur lesquelles il était pratiqué qu'il s'agisse des esclaves ou des prisonniers.
Quant aux premiers tatouages figuratifs, ils ont été retrouvés sur des momies de l'âge du fer en Sibérie plus précisément dans la Vallée de Pazyryk. Contrairement à ce qui se faisait chez les Grecs et les Romains antiques, les tatouages pratiqués sur les momies de Pazyryk représentent des animaux réels tels que les poissons, les chèvres ou encore les cerfs sont sur des personnes sociales élevées.
Le tatouage est utilisé par le régime nazi allemand durant la Deuxième Guerre mondiale en tant qu'élément d'identification de certains groupes d'individus. Les nazis identifient les déportés à Auschwitz en tatouant sur leur numéro matricule sur leur avant-bras. Pour les déshumaniser, un tatouage symbolisé par la lettre Z était également réalisé sur les Tziganes dans ces camps de concentration. Comme dans l'Antiquité, ces personnes étaient tatouées sous la contrainte. C'est pour cette raison que certains survivants des camps l'ont effacé après la guerre.
Les soldats de la Waffen-SS constituent une autre catégorie de personnes concernée par cette pratique durant cette période sombre de l'histoire de l'humanité. Ils réalisaient un tatouage consistant à écrire sur la face intérieure du biceps du bras gauche leur groupe sanguin. Ce procédé facilitera plus tard leur identification à la fin du conflit.
Cette période est marquée par l'apparition de la première machine à tatouer électrique à New York. Cet appareil qui fait entrer cette pratique ancestrale dans la modernité est inventé en 1891 par Samuel O’Reilly. Le tatouage commence dès lors à être réalisé de façon professionnelle. On assiste ainsi dans la foulée de cette invention à l'ouverture sur le continent européen des premiers studios dédiés à ceux qui désirent se faire tatouer au milieu du XXe siècle.
Cette tendance se généralise à partir des années 70. La popularisation du tatouage est symbolisée à cette époque par le phénomène des "mauvais garçons". La pigmentation de l’épiderme est particulièrement répandue chez les punks, les rockers et les bikers. En d'autres termes, le tatouage est choisi par une population marginale comme un signe de sa protestation et de sa rébellion.
Il faut donc attendre les années 90 pour que le fait de tatouer devienne un véritable phénomène de mode. L'aspect esthétique est alors mis plus avant. Le tatouage devient une oeuvre d'art à part entière. Grâce à cette dimension artistique plus affirmée et le perfectionnement des graphismes, on compte un nombre plus élevé d'amateurs de décorations corporelles à travers le monde. En France par exemple, la création de boutiques spécialisées dans le tatouage croît à un rythme exponentiel. Pour preuve, d'une quinzaine de magasins au début des années 80, ils sont près de 2000 quelques décennies plus tard. Le matériel utilisé s'améliore au fil des années et les conditions d'hygiène dans lesquelles il se pratique sont plus saines, celles-ci étant encadrées par le code de la santé publique.
A l'époque contemporaine, le tatouage est utilisé de façon symbolique par divers groupes de crime organisé. On peut citer par exemple les membres des Maras au Salvador, les voleurs dans la loi de la mafia russe ou encore les Yakuzas au Japon. En Russie, c'est au sein d'une même famille ou milieu carcéral que se réalise le tatouage forcé.
Sources :
Nous publions de temps à autres des pages d'information générale sur le tatouage : historiques, modes, techniques, etc.